LA MODE DOIT PRENDRE SES RESPONSABILITÉS
Dès l'origine de MAES Paris notre ambition a été de faire entrer la maroquinerie française dans une nouvelle ère, plus innovante et plus responsable, pour apporter notre réponse aux enjeux environnementaux.
C'est notamment pour cette raison que nous avons fait le choix de refuser d'utiliser le cuir, pourtant tant loué jusqu'à présent.
Voici quelques éléments d'explication de notre choix.
IL N'A JAMAIS ÉTÉ AUSSI URGENT D'AGIR
Dans son dernier rapport publié en mars 2023, le GIEC (groupement international d'experts sur les questions du changement climatiques dépendant de l’ONU) dresse un constat alarmant. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter fortement tous les ans, à l'inverse de ce qu'il faudrait faire pour lutter contre le réchauffement climatique.
A l'heure actuelle, cela conduirait à un réchauffement de l'ordre de +2,4°C à +3,5°C d'ici à la fin du siècle. Loin, très loin de l'objectif initial de l'Accord de Paris de +1,5°C, établi en 2015. Pour l'atteindre, il nous faut commencer à réduire dès 2025 nos émissions annuelles de gaz à effet de serre, jusqu'à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Les impacts du réchauffement climatique sont déjà visibles au quotidien avec un accroissement des phénomènes climatiques extrêmes, une accélération de la disparition d'espèces animales et végétales et de graves pénuries d'eau qui impactent déjà près de la moitié de la population mondiale. Ces phénomènes entrainent une augmentation des décès liés à la chaleur, aux maladies et aux pénuries alimentaires. Et dans le scénario actuel, ils vont devenir de plus en plus fréquents et de plus en plus graves.
Lutter contre le réchauffement climatique n’est pas qu'un enjeu de santé et de préservation de notre environnement. C'est aussi un enjeu social. Nous allons tous en souffrir mais pas avec la même intensité. Les émissions moyennes par habitant dans les pays les moins développés sont de l'ordre de 1,7 tonnes de CO2 par an et par personne, là où elles dépassent les 9 tonnes de CO2 dans les pays développés. Ce sont les populations des pays les moins développés, et donc les moins contributeurs, qui seront pourtant les plus exposées aux effets du réchauffement climatique.
Nous n'avons pas d'autre choix que d'accélérer la transformation de nos habitudes et de notre consommation si nous voulons tenir cet objectif essentiel de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C, pour l'avenir de notre planète et de notre société.
La synthèse du rapport du GIEC est disponible ICI.
L'INDUSTRIE DE LA MODE NE PEUT PLUS SE CACHER
L'ONU évalue à 8% l'impact de la mode sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre. L'ADEME va plus loin dans son évaluation et rend ce chiffre plus parlant : avec 4 milliards de tonnes de CO2 par an, c'est plus important que les vols internationaux et le transport maritime réunis et c’est autant que les émissions de la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis.
Nos habitudes de consommation sont une des causes de cet impact néfaste. Entre 2000 et 2014, la consommation de vêtements par an et par personne a augmenté de 60% et les consommateurs conservent ces vêtements en moyenne 2 fois moins longtemps. Et si l'essor de la fast-fashion a très clairement une responsabilité dans ce phénomène, tous les segments de l'industrie doivent se remettre en question. Un retour à la sobriété, à la qualité durable et à l'intemporalité est une partie de la solution.
Quand on réfléchit à l'impact de la mode, on pense souvent à l'impact du transport de produits fabriqués dans des pays à bas coût où la justice sociale est souvent un concept lointain. C'est évidemment un élément essentiel qu'il faut prendre en compte. Mais en réalité, il faut aussi et surtout s'interroger sur les matières qui composent notre garde de robe et nos accessoires de mode.
En 2020, Global Fashion Agenda, une ONG regroupant des acteurs importants de la mode comme notamment le groupe Kering ou Vestiaire Collective, a publié une étude "Climate on Fashion" qui mettait en lumière pour la première fois les causes de l'empreinte carbone de la mode.
Comme présenté sur le graphique ci-dessus, la production de matières et la confection représente 71% des émissions de GES associées au cycle de vie d'un produit de mode. Le constat est sans appel. Si nous devons rapidement réduire de plus de moitié notre impact environnemental dans tous les secteurs, l'urgence pour l'industrie de la mode est de travailler sur le choix des matériaux et leur fabrication.
Le rapport de l’ADEME est disponible ICI et l'étude de Global Fashion Agenda ICI.
NOUS DEVONS REPENSER NOTRE RAPPORT AUX MATIÈRES
Si un vêtement, une paire de chaussures ou un sac peuvent avoir un rôle purement pratique, la notion de "mode" est fortement associée à nos émotions. La douceur de la soie, le confort d'une toile de coton ou l'odeur d'un sac à main en cuir sont autant de déclencheurs d'émotions et de plaisir.
Pourtant face au défi du réchauffement climatique, nous devons repenser notre rapport à la mode et faire cohabiter l'émotionnel avec le rationnel en intégrant l'impact environnemental dans toutes nos décisions. En exploitant les données des bases de données de l'ADEME, les experts de Carbonfact ont dressé une liste comparative de l'impact sur l'environnement de certaines matières textiles, présentée ici sous forme de graphique.
On y constate en premier lieu que les matières d'origine animale présentent un impact très élevé par comparaison aux fibres naturelles. Cela s'explique en partie par l'impact de l'élevage des animaux sur l'environnement, dont une partie doit nécessairement être attribuée aux fibres textiles et aux matières qui en sont issues. Ce point a pu être à l'origine de nombreux débats parfois passionnés et souvent partisans, mais un consensus semble enfin se dessiner. C’est pour cela notamment que la laine de mouton présente un impact sur l'environnement 4 fois supérieur au coton, et la soie plus de 3 fois supérieur au nylon ou à la viscose.
Les fibres naturelles d'origine végétale présentent toutes un impact nettement meilleur que les fibres d'origine animale. Mais elles peuvent cependant aussi interroger. Le coton, par exemple, est un sujet complexe. S'il s'agit à l'origine d'une plante qui ne demande pas énormément d'eau pour pousser, l'industrialisation de sa culture a conduit à augmenter drastiquement l'apport en eau pour maximiser les rendements et les profits. Ce qui en fait aujourd'hui une fibre qui pose beaucoup de questions malgré son usage très répandu.
Le recyclage, quant à lui, n'est pas une option. Il doit être développé et généralisé. On constate, à partir des données de l'ADEME, que les matières recyclées offrent un bénéfice immédiat, avec une empreinte environnementale de 20% à 50% inférieure à leur version originale.
Il en est de la responsabilité des marques d'aider les consommateurs à faire cohabiter le rationnel et l'émotionnel en leur proposant, dès maintenant, des pièces de mode qui privilégient les matières les plus responsables. Car diviser par 3 l'empreinte des matières et de la fabrication, c'est réduire immédiatement par 2 l'empreinte totale d'un vêtement ou d'un accessoire.
Pour ensuite mieux se concentrer sur l’objectif ultime qui devrait être celui de tous les acteurs de l’industrie : une mode à impact zéro.
L’article de Carbonfact est disponible ICI.
Chez MAES Paris, nous divisons d’ores et déjà l’empreinte environnementale de nos sacs à main par 3, par comparaison avec leur équivalent en cuir.
Pour en savoir plus, accédez à notre mesure d’impact ICI.